Dernièrement, un séminaire m’a envoyé à Dallas, où j’ai pu entendre le discours très intéressant d’un intervenant. Celui-ci racontait en effet qu’il existait une pléthore d’arguments pour expliquer pourquoi l’inflation est un mal, mais que certains des arguments les plus souvent avancés sont en réalité tout à fait fallacieux. Il allait jusqu’à dire que les individus qui tenaient de tels propos souffraient d’une illusion monétaire. Son discours m’a d’autant plus intéressé qu’il sortait un peu des sentiers battus.
Les gens souffrent d’une illusion monétaire quand ils confondent les variables réelles et nominales. Le bien-être des individus, par exemple, dépend des variables réelles et non des variables nominales.
Tout d’abord, il est absurde de dire que l’inflation est un mal parce qu’elle a rendu les biens plus chers. En effet, si toutes les variables nominales croissent au même taux, les agents économiques disposent de revenus nominaux plus élevés et peuvent ainsi acheter la même quantité physique de biens qu’auparavant. Si les gens considèrent leurs dépenses nominales sans se rendre compte que leurs revenus nominaux augmentent aussi, ils souffrent alors d’illusion monétaire. Car ce sont les revenus réels qui nous indiquent le volume de biens que nous pouvons acheter.
Un deuxième type d’illusion est plus subtil, quoique tout aussi pernicieux. Supposons que le prix réel ou relatif du pétrole augmente brutalement. Dans les nations fortement importatrices, les gens verront logiquement leur sort se dégrader. Globalement, le pays doit détourner des biens de la consommation intérieure pour les exporter, afin de gagner les devises étrangères supplémentaires qui sont nécessaires pour acheter du pétrole importé, devenu plus cher. La consommation intérieure par habitant doit ainsi diminuer. Mais elle peut diminuer de deux façons.
Dans la première, les travailleurs n’exigent pas d’augmentation de salaires au titre du « coût de 1a vie » pour couvrir le coût plus élevé des produits intégrant du pétrole. Les salaires réels diminuent puisque l’ancien niveau des salaires nominaux ne permet plus d’acheter globalement qu’une quantité de biens plus faible. Supposons aussi que les entreprises du pays absorbent l’accroissement de leurs coûts énergétiques liés au pétrole et ne répercutent pas sur leurs prix la hausse de leurs coûts. Il n’y a pas de hausse des prix et des salaires nominaux dans le pays. L’économie nationale s’est ajustée au choc qui a frappé l’offre sans inflation. Et le sort des gens se dégrade inévitablement. Supposons maintenant que les gens s’efforcent de maintenir leur ancien niveau de vie. Les travailleurs revendiquent des augmentations de salaires au titre du coût de la vie pour rétablir leurs salaires réels, et les entreprises préservent leurs marges de profit en augmentant leurs prix dans les mêmes proportions que les coûts salariaux et énergétiques. Il se développe une forte inflation, que le gouvernement accompagne en créant plus de monnaie. L’économie finit par s’établir à son nouvel équilibre à long terme; mais à quoi ressemble celui-ci ? Les individus voient encore leur sort se dégrader. La hausse du prix réel du pétrole n’a pas disparu comme par magie. Il faut encore plus d’exportations, rendues possibles par une réduction de la consommation intérieure, pour payer le pétrole importé devenu plus cher. Par conséquent, dans le nouvel équilibre à long terme, les travailleurs constateront que leur salaire réel a diminué et les entreprises pourront se rendre compte que leurs marges de profit ont été laminées. Tel est le mécanisme du marché qui produit la réduction indispensable dans la dépense intérieure et permet le transfert de ressources vers les industries exportatrices. Ce que les gens remarquent, c’est qu’il y a eu une période pendant laquelle les salaires et les prix ont augmenté, mais aussi que, d’une façon ou d’une autre, les salaires n’ont pas progressé au même rythme que les prix. Les salaires réels ont baissé. Mais les agents économiques en tirent une mauvaise conclusion. Ce n’est pas l’inflation qui a dégradé leur sort, mais la hausse des prix pétroliers. Les salaires réels auraient baissé de toute façon, qu’il y ait ou non une inflation nationale. Quand celle-ci est due à un choc qui frappe l’offre, et quand le gouvernement lui permet de se maintenir en adoptant une politique monétaire d’accompagnement expansionniste, ce n’est ni l’inflation ni l’expansion de la masse monétaire qui dégradent le sort des gens : c’est le choc qui a frappé l’offre. L’inflation n’est qu’un symptôme du refus initial d’accepter la nouvelle réalité.
Dans un tout autre ordre d’idée, ce séminaire m’a permis de découvrir la ville, et dans d’excellentes conditions. J’ai beaucoup apprécié l’organisation du staff, à tel point que je vous mets en lien l’agence qui s’est occupée de l’événement. Si vous cherchez à organiser un séminaire, je vous la recommande sans hésiter. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du blog sur ce séminaire entreprise à Dallas qui est très bien rédigé sur ce sujet.